La philuménie

 Quelques informations sur les allumettes et la collection des boîtes et pochettes d’allumettes.

 Les premières allumettes

L'invention apparaît aux alentours de 1830. Elle est précédée par le briquet oxygéné s'allumant à l'aide d'un flacon contenant de l'acide sulfurique, et une allumette ordinaire préparée chimique-ment, et par le briquet phosphorique: flacon contenant du phosphore, dont on prélève une partie avec une allumette ordinaire (simplement soufrée), et que l'on enflamme par frottement.

L'allumette chimique comporte une préparation chimique, et s'enflamme par simple frottement Les boites sont souvent munies d'un frottoir en papier de verre. L'allumette de sûreté (vers 1850 en Suède) exige pour s'enflammer un frottoir préparé chimiquement. Le phosphore et le chlorate de potasse sont les premier agents utilisés. Le phosphore est dangereux et agent de maladie pour les ouvriers des fabriques. Il sera remplacé par des composés chimiques à base de phosphore, moins nocifs et moins sensibles au frottement. Vers 1920, les allumettes au phosphore ont disparu dans presque tous les pays.

Les boîtes d'allumettes

Les allumettes ne sont pas vendues en vrac, mais emballées, en principe dans des boites rigides (carton ou bois). En général, elles portent une étiquette indiquant le nom du fabricant. Mais on rencontre souvent des boîtes sans indication ni du pays de fabrication, ni du pays où elles sont importées.

On connaît la boîte coulisse (avec tiroir coulissant dans les deux sens), la boîte tiroir (tiroir ne coulissant que dans un sens), la boîte portefeuille (d'une seule pièce, en carton, et s'ouvrant comme un ancien portefeuille), la boîte couvercle genre tabatière (couvercle fixé avec charnière), en carton ou en bois. Il y a de nombreux modèles de fantaisie (boîte tambour, etc.). Les pochettes, avec allumettes à détacher, datent de 1900 environ.

L'allumette et sa boîte n'ont pas fondamentalement changé depuis plus de cent ans. La boite coulisse est aujourd'hui de loin la plus répandue, elle est en carton, de même que son tiroir.        La consommation d'allumettes est en baisse dans tous les pays depuis des dizaines d'années.

 

La philuménie

Il y a les amateurs de boîtes entières, ou ceux de pochettes avec leurs allumettes. La difficulté de cette collection est de concilier consultation et préservation (de la poussière, de la lumière, de la manipulation). Reste aussi la question de l'encombrement.

Les collectionneurs d'étiquettes et de coupons: seule l'étiquette collée sur la boîte est collectionnée. Les boites en carton directement imprimées sont mises à plat, en se contentant de décoller à l'endroit où les deux bords ont été recollés l'un sur l'autre. Ces boîtes mises à plat sont appelées coupons. Les dessus de boîtes découpés, sous prétexte qu’il n’y a rien d’écrit au verso, les coupons avec bord découpé, sous prétexte de gagner de la place ou de vouloir supprimer un frottoir, ou les coupons amincis pour gagner de la placeen épaisseur sont de simple cadavres qui n’ont pas leur place dans une collection.

Les pochettes sont vidées des allumettes et dépliées. On s’interdira tout découpage. Le frottoir fait intégralement partie de la pochette. Trop souvent, on trouve des pochettes raccourcies parce que le frottoir est considéré comme peu esthétique. C’est  une erreur, et même du vandalisme.

 

 Ce qui ne se démonte pas est à laisser en l'état, de même que les boîtes curieuses ou avec tiroir spécial. Une boîte portant 2 étiquettes (recto + verso) sera gardée entière, ou à plat, de façon à ne pas dissocier les étiquettes. Tout se range sur des feuilles d'album en utilisant des charnières pour timbres-poste (pour les étiquettes) ou coins-photos (pour les cartons), ou alors dans des classeurs à bandes espacées.

 Les lecteurs qui sont philatélistes peuvent faire la comparaison entre les timbres et les boîtes d’allumettes. Autant un petit défaut sur une étiquette est admissible, autant il convient de respecter ce que l’on collectionne :

Qui couperait les dents des timbres, ou les bords d’un bloc, simplement pour arranger la mise en page ?  Dans une collection, les objets collectionnés ont la priorité et ont droit au respect. L’agencement de la collection doit se plier à la réalité de ce qu’on collectionne, et non l’inverse.

Pour ne citer qu’un exemple, on trouve parfois de magnifiques étiquettes de caisse, d’environ 30 cm de long, que l’on a amputées de quelques centimètres pour arriver à les caser sur une feuille 21 x 29,7.  Comment peut-on être aussi barbare ?  Faute de mieux, on aurait au moins pu se contenter de replier une extrémité.

Que collectionne-t-on ?

Les boîtes et pochettes, les emballages en papier (pour les paquets de 10 ou 12 boîtes), les boites-présentoirs etc. Même les étiquettes mises sur des emballages avec simple code-barre font partie de la collection. Mais tout le monde ne garde pas tout: les boites de trop grand format et les papiers d'emballages sont encombrants, et ne sont pas toujours collectionnés. Chacun collectionne ce qu’il veut, mais ce n’est pas une raison pour jeter un emballage que d’autres collectionneurs apprécieraient.

Parmi les allumettes se rangent aussi les allume-feu (munis d'une tête chimiquée, avec frottoir sur l'emballage), ou des allume-mazout.

Comment concevoir sa collection ?

Il y a des collections sur un thème donné: fleurs, animaux, sports, moyens de transports, etc. On peut chercher les publicités d'un département, celles sur une entreprise (par exemple une chaîne hôtelière), sur un genre de métier, etc. L'art est de trouver un classement où chaque nouvelle boîte aura sa place.

La collection par pays

Dans chaque pays, les allumettes ont leur histoire: les fabriques locales, les allumettes importées, la réglementation dans le cas d'un impôt ou d'une régie, les syndicats de fabricants. Cela mène dans certains cas à une standardisation des modèles de boîtes. On peut dire que chaque pays est un cas particulier.

 Depuis sa création en 1917, la compagnie suédoise STAB (aujourd'hui Swedish Match) a étendu son influence dans presque tous les pays, à une époque ou à une autre.

La polémique ne cessera jamais entre les philus qui classent selon le pays de destination et ceux qui classent selon le pays de fabrication.

Pour certains pays, il y a des catalogues réalisés par des associations philuméniques.

 

En France

Pour un collectionneur français, il est naturel de collectionner les boîtes vendues ou distribuées en France.

En publicitaires, il existe peut-être 20 à 30 000 pochettes, et 15 000 boites. Pour ce qui n'est pas publicitaire (c'est à dire vendu dans le commerce), il y en a plus de 5 000 depuis 1874, et bien plus d'un millier avant cette date.

Ces dernières années, boîtes et pochettes publicitaires se trouvent moins fréquemment en France

Jusqu'en 1874, la fabrication des allumettes en France est libre, avec simplement un impôt établi fin 1871 qui est matérialisé par un timbre fiscal scellant la boîte. De 1875 à 1889, il y a un monopole affermé à la Compagnie Générale des Allumettes Chimiques.

De 1890 à 1935, les usines d'allumettes sont gérées par les Manufactures de l'Etat. Depuis 1935, les allumettes sont réunies aux tabacs sous le sigle SEITA.

Depuis 1875, le nombre d'usines en France est resté assez stable: une petite dizaine. Il y a eu des fermetures progressives depuis 1962, et il n’est resté que l'usine de Saintines (Oise), quand la SEITA a disparu, en 2001. En 2001, cette usine a été séparée a pris le nom de Flam’Up.

Aujourd’hui, Flam’Up ne s’occupe plus de la fabrication d’allumettes, elle ne fait que de l’importation, par exemple les modèles vendus en magasins viennent de l’Inde. Flam’Up est active dans le marché des publicitaires, et transmet les commandes à différentes usines de divers pays.

Actuellement, les boîtes les plus courantes de Flam'Up sont les modèles 102 (240 allumettes), 124 (100 allumettes longues, 301 (40 allumettes) et 304 (100 allumettes géantes). Flam'Up a son site internet (indiqué sur chaque boîte), et les amateurs peuvent le consulter.

On trouve en France bien d'autres allumettes, dont celles de la Swedish Match,sous la marque Feudor. Il y en a bien d'autres, nous n'en ferons pas la liste.


Les allumettes dans le monde.

Il existe une dizaine de fabriques en Europe, sans compter celles situées en Russie.

En Asie, les fabriques sont nombreuses en Inde et en Chine. D'autres pays asiatiques ont une industrie allumettière très moderne, concentrée, et exportent aussi bien en Europe que dans le reste du monde.

L'Afrique dispose de fabriques dans presque tous les pays, de même que l'Amérique du Sud. Mais un grand pays comme l'Australie a fermé ses fabriques, et importe donc toutes ses allumettes, en particulier d'Indonésie.

Les États-Unis et le Canada ont surtout une production de pochettes et boîtes publicitaires.

La collection des boîtes (ou pochettes) des pays étrangers est bien entendu une chose trop vaste pour être menée à bien. Mais on y trouvera toujours des boîtes curieuses, des illustrations jolies, etc., devant lesquelles on ne peut rester indifférent.

Quant à la valeur d'une étiquette, elle est souvent minime: à 0,03 € pièce, on peut en trouver énormément. Les boîtes entières en bon état valent sensiblement plus que les simples étiquettes, 0, 05 à 0,15 € pour les modèles courants.

N.B.   La revue Collection Magazine a fait une présentation de la philuménie dans son numéro 18 de mai 2005.

Marcel KRIER septembre 2015